Thiérache : quand les éoliennes d’Oisy reviennent sur la table

Lancé en 2006 par la société Ecotera, le projet de parc éolien sur la commune
d’Oisy traîne en longueur, entre opposition de Météo France, élus refroidis et procédures administratives.

La commune d’Oisy, si le projet aboutit, devrait voir la construction de six éoliennes.

Ce projet est sans doute l’un des plus longs dans l’Aisne. Lancé en 2006, le parc éolien sur le territoire d’Oisy n’est pas encore près de voir le jour. Presque oublié des mémoires, le voilà qui revient à la table des conseils municipaux. Et les élus le redécouvrent. Ceux d’Etreux devront ainsi donner leur avis sur le sujet lors de leur réunion, ce vendredi.
Parallèlement, l’affaire est toujours entre les mains de la justice, en attente d’une audience de la cour d’appel. Météo France s’opposant à l’installation d’éoliennes à proximité de l’un de ses radars, basé à Taisnières-en-Thiérache (59).
Le dossier, lui, avait été déposé en octobre 2006, se souvient Antoine Brebion, président de la société Ecotera, porteuse du projet. La communauté de communes de la Thiérache d'Aumale (CCTA) « avait alors la possibilité d’adopter des ZDE (zones de développement éolien) », explique Jean-Louis Doucy, qui en était alors le directeur. La collectivité retiendra deux secteurs, dont notamment Oisy. « À l’époque, le développement éolien était paré de toutes les vertus », poursuit l’ex-responsable de la CCTA, désormais farouche militant du collectif Stop éolien 02 (lire encadré).



Suite logique de la procédure, une enquête publique avait été menée en 2008 concernant l’installation de six mâts sur le territoire d’Oisy. « Le commissaire enquêteur a rendu un avis favorable, rappelle Antoine Brebion. On a eu que des avis favorables. » Sauf du côté de Météo France, que suivra le préfet. « On s’est vu refuser le permis de construire en août 2009. » La société a décidé de porter l’affaire devant les tribunaux.
« On a eu une expertise judiciaire qui conclut que la perturbation de notre parc ne remet pas en cause le fonctionnement du radar », poursuit le dirigeant. À l’inverse, Météo France estime que le placement d’éoliennes à proximité peut avoir des incidences sur les mesures prises à Taisnières-en-Thiérache.
« On utilise [nos radars] pour prévoir un certain nombre de phénomènes », explique Jean Teillet, adjoint à la direction interrégionale Nord de l’établissement public. Tels que des « pluies intenses » ou les « nuages polluants », cite en exemple Éric Barbay, également de l’organisme.
« D’une manière générale, il y a une réglementation qui régit la coexistence des éoliennes et des radars », poursuit-il. Dans le cadre de la météorologie, l’implantation d’aéromoteurs est rejetée dans un rayon de 20 km autour du site. Or, le dossier sur Oisy placerait ces derniers à 16 kilomètres et quelques. Trop proches pour Météo France. « Le radar confond les signaux des éoliennes et de pluie », insiste Éric Barbay. Et les conséquences portent également sur la « sécurité des personnes », comme dans le cas de l’anticipation d’une crue.
Deux critères sont pris en compte. La « zone d’impact » et « l’interdistance entre les parcs ». Or l’établissement public souligne la présence proche d’autres éoliennes, « au bord » des 20 km prescrits. Ce qui augmenterait le risque de perturbation. Mais un nouvel arrêté, daté de 2014, change la donne. « Le second parc ne serait plus pris en compte. »
La société Ecotera estime, elle, que le risque n’est pas prouvé, s’appuyant sur l’expertise judiciaire. Et le tribunal d’Amiens a tranché en faveur du promoteur éolien en février 2014 ; l’État, lui, a décidé de faire appel. Depuis, les deux parties attendent une nouvelle audience. Mais ni l’une ni l’autre n’est prête à renoncer. Reste qu’Antoine Brebion ne cache pas son agacement : « À Vaux-Andigny, le projet a été lancé deux ans après et tourne depuis un an… »


source : http://www.aisnenouvelle.fr/region/thierache-quand-les-eoliennes-d-oisy-reviennent-sur-la-table-ia16b109n221798

Posts les plus consultés de ce blog

Revenus éoliens ?

Pourquoi les promoteurs éoliens louent-ils la terre au lieu de l’acheter ?