Courrier Picard 8 mai 2015 par Guillaume Carré

Depuis le début de l’année, le village d’Attilly est clivé entre les « pour » et les « contre » autour d’un projet prévoyant l’installation de six éoliennes. Christian Lobbé a créé l’association pour la préservation des paysages du Vermandois et de la vallée de l’Omignon.


Qui êtes-vous, Christian Lobbé ?
Je suis un simple citoyen, soucieux de son environnement. Au départ, rien ne me prédisposait à être contre l’éolien, même si je trouve ça moche. Je n’y étais pas confronté directement, je ne suis pas un frondeur de l’éolien.

Pourquoi la création de l’association ?
Elle n’a pas été créée contre quelque chose mais pour la préservation des paysages, c’est une démarche positive. Nous nous sommes rendu compte assez rapidement que c’était costaud en face (la société Escofi, ndlr). Si nous voulons être légitimes, il fallait créer une entité qui pouvait ester en justice. Nous souhaitons fédérer d’autres personnes, des gens veulent nous rejoindre mais ce que je souhaite, c’est que l’association n’ait jamais à œuvrer.

Tout a débuté lors d’une réunion publique en janvier. Quelle a été votre première impression ?
L’impression d’avoir été mis à l’écart d’un projet qui nous concernait. Les premières délibérations remontent à 2007 et à aucun moment, messieurs Vassant et Tupigny (respectivement, ex-maire et ex-premier adjoint, propriétaires de terres susceptibles d’accueillir des éoliennes, ndlr) ne sont sortis de la salle lors du vote. Dans l’une d’elle, il est écrit si le projet est retenu, une information à la population sera effectuée, mais nous n’avons jamais rien vu. La réunion est devenue très, très houleuse. Plus personne ne s’entendait.

C’est là que l’ancien maire a pris conscience de l’hostilité au projet ?
Il a pensé que ça allait passer comme une lettre à la Poste. L’Aisne est considéré comme faible résistant de l’éolien. Peut-être qu’on est plus arriéré qu’ailleurs (il sourit). M. Hubau (le cogérant d’Escofi) se croyait en terrain conquis.
Le mât de mesures est toujours installé sur un champ…
Je n’en avais jamais entendu parler avant la réunion. Je savais qu’il y avait des terres qui appartiennent à la famille Vassant, à un groupement agricole dirigée par la femme de l’ancien maire. C’est là que j’ai demandé à consulter toutes les délibérations des conseils municipaux. Et c’est là que j’ai vu une éventuelle prise illégale d’intérêts.

Qu’avez-vous fait ?
Le 24 janvier, j’ai fait un signalement auprès du procureur de la République. Soit il suit, soit il classe sans suites. Visiblement, il a demandé une enquête préliminaire (21 élus axonais sont sous le coup d’une enquête pour prise illégale d’intérêts, ndlr).
Les habitants se sont montrés hostiles au projet éolien à 80 %. Aujourd’hui, qu’en est-il ?
J’ai envoyé un courrier à M. Éthuin (gérant d’Escofi). C’est quelqu’un de correct. Je lui ai dit que ce n’était pas convenable, ni moral de vouloir passer en force. Il m’a répondu mais je ne suis absolument pas satisfait de sa réponse.

Vous pensez que le projet peut aller à son terme ?
Pour moi, il y a trois solutions. Un, ils abandonnent à cause d’un souci d’image ou d’une situation scabreuse : la population et les élus sont contre eux. Deux, ils passent en force avec le risque que ce soit très long à cause de la procédure judiciaire. J’ai même entendu des élus dire qu’ils interdiraient l’accès aux chemins communaux. Trois, ils revendent le projet à un autre promoteur pour rentrer dans leurs fonds (la société a dépensé 90 000 € en études depuis un an).
Propos recueillis par Guillaume Carré
Contact association pour la préservation des paysages du Vermandois et de la vallée de l’Omignon : a3p2vo@gmail.com

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