Étapes dans l’opposition à l’implantation d’usines éoliennes
Industrialisation du milieu rural |
Par l’Association Environnementale du Sud Touraine (AEST
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Quand un financier-industriel éolien jette son dévolu sur
un terroir où nous avons choisi de vivre dans un cadre bucolique paisible,
habité par une population attachée à la ruralité et à un environnement paysager
et faunistique familier, nous, les autochtones, les indigènes, inscrits dans ce
cadre patrimonial... Nous sommes abasourdis, incrédules :
Comment, pour un profit privé et de surcroît financé par
les consommateurs et la population, une firme internationale peut-elle, de son
seul gré, détruire une entité humaine, économique, culturelle ?
Au sortir de l’hébétude, nous nous disons d’abord «
ce n’est pas possible », les voisins et les collectivités territoriales et
surtout les services de l’État vont s’opposer à la violation de notre Droit
constitutionnel à la tranquillité. Au fil des contacts et des démarches une
autre réalité apparaît :
- le
voisin agriculteur si serviable avoue qu’il a signé un bail car moissonner
le vent rapporte plus que moissonner des céréales et que les deux
syndicats, la FNSEA et même les écolos de la Confédération Paysanne, sont
favorables (un comble car les socles dénatureront à jamais les terrains) ;
- les
habitants du voisinage se retranchent derrière l’assurance qu’ils
n’auraient pas de nuisances ;
- les
élus plaident pour les retombées financières et les travaux annexes
compensatoires, une aubaine pour les finances communales et avec
l’argument bonne conscience « c’est pour sauver la planète ! » ;
- certaines
associations essentiellement préoccupées d’être reconnues comme mouche du
coche pour avoir le privilège de côtoyer et de causer à l’oreille des élus
préconisent d’élaborer d’abord une liste de technologies spécifiquement
locales pour prouver qu’on peut se passer de l’éolien.
Alors, il ne reste qu’une solution : se sauver soi-même
en constituant une association d’opposants déterminés à s’informer de façon
autonome à partir d’évidences :
- La
France et notre région en particulier produisent plus d’électricité
qu’elles n'en consomment. Il faut refuser la question rusée des pro-éoliens
« Par quoi proposez-vous de remplacer l’électricité éoliennes ? »
:
- d’une
part, il n’y en pas besoin et de plus, elle est de mauvaise qualité par
son intermittence. Ses nuisances et ses surcoûts indus suffisent à fonder
un rejet absolu.
- d’autre
part, il faut refuser la culpabilisation induite par l’idéologie
catastrophiste de la Loi de Transition Énergétique et ses déclinaisons
locales = les territoires à énergie positive... pour accomplir une bonne
action politiquement correcte = sauver la planète par les EnR
décentralisées sans évaluer leurs surcoûts et les risques liés aux
conditions de production et de distribution.
- Pourquoi
subir les nuisances des usines-aérogénérateurs, le surcoût de leur
production et les taxes-impôts innommés qui abondent l’effet d’aubaine
pour des investisseurs privés ?
- Même
si on le regrette, aucune technologie intermittente et aléatoire ne peut
se substituer à court terme au nucléaire et à l’hydraulique qui assurent
la régularité de la distribution de l’électricité.
- L’arnaque
tant technologique que financière et les nuisances multiples des usines éoliennes
sont démontrées.
- Les
habitants et les associations n’ont pas à justifier leur opposition à
l’éolien parce qu’ils auraient des solutions alternatives = prétention qui
tient plus de la frime auprès des élus locaux que du sérieux scientifique
et économique. Pas d’auto-culpabilisation non plus = pas d’éoliennes
ici ou ailleurs.
Les deux fédérations nationales contre l’éolien industriel
fondent leur opposition sur une connaissance approfondie de la piètre
efficacité de cette technologie, de ses nuisances sur le cadre de vie
économique et sociale, les paysages... pas parce qu’elles auraient un plan B
reposant sur une panoplie de technologies locales alternatives dont la
production est dérisoire et les surcoûts exorbitants par rapport à la
production nationale.
Créer une association locale à l’initiative des habitants
« impactés » en choisissant une appellation qui inclut les habitants des
communes riveraines. Dans cette phase, la connaissance directe entre
habitants est indispensable à l’acceptation de l’association fondée sur une
confiance réciproque.
Adhérer à une fédération régionale qui a déjà
l’expérience de l’opposition aux éoliennes et qui par son antériorité pourra
ester en justice et faire le lien avec les fédérations nationales Vent deColère et Fédération Environnement Durable.
Concevoir la stratégie selon cinq registres
d’argumentaires :
- 1 Convaincre
les habitants qui sont a priori disposés à croire les sornettes
médiatiques... et gouvernementales : « chacun doit contribuer à la
lutte contre le Réchauffement Climatique » (Grand Satan moderne)
donc « Cause Nationale = mobilisation de tous les Citoyens
Conscients et Responsables », donc « Énergies
renouvelables = éoliennes qui symbolisent la Pureté et la Propreté »
= conséquence de ces manipulations culpabilisantes : chacun doit accepter
des « désagréments personnels secondaires et égoïstes »
pour contribuer à la production nationale d’énergie. Seule l’information
contradictoire peut faire reculer ce nouvel obscurantisme que les Verts
ont réussi à imposer comme idéologie de remplacement après la faillite des
idéologies du progrès et du consumérisme infinis qui étaient la théologie
de l’époque. La nôtre est celle de l’esprit de sacrifice pour l’urgence
planétaire.
Quand les habitants sont informés que leur vie quotidienne
et la valeur de leurs biens seront impactés, sans parler d’éventuelles
nuisances pour leur santé, ils s’émeuvent avec lucidité.
- 2 les
élus : la même désinformation sévit mais en plus, il y a
l’hypocrisie de certains qui feignent de croire aux vessies des promoteurs
: les retombées financières pour les collectivités territoriales.
Soudainement, ils deviennent des partisans des thèses catastrophistes
évoquées. Il suffit d’une invitation des "développeurs" éoliens
à visiter un "parc éolien" après un bon repas et des promesses
de "travaux compensatoires" : bilan thermique gratuit des
bâtiments municipaux, réfection de la cour d’école ou de voies communales...
Nous avons adressé notre dossier par mail à tous les élus et
régulièrement des argumentaires sur les risques de conflits d’intérêts et les
fausses promesses des promoteurs.
L’argument qui porte est l’explication de la Loi BROTTES et
des décrets LECORNU pour faciliter les implantations qui les privent de tout
avis décisionnel : court-circuitage de leurs responsabilités et pouvoir d’élus
: démocratie locale bafouée, projets économiques piétinés = ils sont piqués au
vif.
Nous les mettons régulièrement en garde contre l’acceptation
de la proposition des "développeurs" d’une délibération pour « une
étude de faisabilité... qui n’engagerait à rien » mais qui en fait
leur permet d’engager les démarches auprès des propriétaires en se prévalant de
l’accord de la municipalité !
- 3 le
Commissaire Enquêteur est formaté pour esquiver tous les
argumentaires critiquant les arnaques technologiques, les impacts
paysagers. L’exemple de l’Allier : deux contre-études d’associations,
d’une qualité scientifique exceptionnelle ont été retoquées, balayées par
le CE avec désinvolture = ces avis divergents ne sont pas reconnus par les
services de l’État. Plutôt que de développer des arguments critiques
scientifiques, il faut relever les failles dans le dossier du
promoteur : photomontages truqués, étude environnementale incomplète.
Il faut faire une étude critique du dossier soumis à enquête
publique mais c’est la mobilisation locale qui peut l’impressionner et
l’amener à émettre un avis défavorable pour cause d’opposition déterminée
des habitants et risques de zizanie.
- 4 le
Préfet qui donne un avis décisif est conseillé par ses services
préfectoraux départementaux, la Direction des Territoires, et régionaux,
la DREAL et l’Agence Environnementale... qui font souvent du zèle pro-gouvernemental.
À ce niveau, les oppositions des élus sont efficaces mais les Préfets du
département et de la Région tiennent aussi à préserver l’avenir de leur
carrière…
- 5 le
Tribunal Administratif était devenu l’aboutissement inéluctable
des procédures. Comme il était saisi systématiquement soit par le
promoteur soit par les associations et les habitants et ne jugeait que sur
les aspects formels, ça aboutissait, parfois, au refus de certains
projets pour erreurs ou manques du promoteur. Les décrets LECORNU
prévoient de supprimer ce 1er échelon et de donner
aux Cours d’Appel ce rôle. À ce niveau, il faudra prendre
un avocat : un coût dissuasif pour les habitants et les associations.
Il faut donc réserver des arguments, sans les révéler dans les phases
antérieures, pour dénoncer des vices de forme, des failles juridiques dans
l’enquête publique devant la Cour d’Appel.
Voilà une série de conseils élémentaires : chacun doit être
illustré, et complété par des dossiers.